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Les impressions de "déjà vu"

Le terme de « déjà vu », utilisé pour la première fois par le philosophe Emile Boirac (1851-1917) dans son ouvrage L’avenir des sciences psychiques (1916), désigne l’impression d’avoir déjà vu un lieu ou déjà vécu une situation. Cette expérience est souvent accompagnée d’un sentiment particulier, mélange d’étrangeté et de familiarité, et d’une incapacité à retrouver un éventuel souvenir relatif à ce sentiment de déjà vu. Près de 60% de la population a déjà rencontré ce phénomène.

Les recherches en sciences cognitives se sont multipliées ces dernières années afin de mieux comprendre le phénomène de déjà vu. Plusieurs hypothèses tentent d’en rendre compte :

  • L’expérience de déjà vu proviendrait de la rencontre du contenu d’un rêve oublié, en partie ou en totalité, et d’une situation vécue à l’état de veille. Les éventuelles concordances entre les éléments provenant de la vie onirique et le contexte réel rencontré donneraient lieu à l’impression de déjà vu.
  • Le cerveau aurait la capacité de déterminer, inconsciemment et dans un très court laps de temps, ce qui dans l’environnement du sujet, concorde avec des expériences déjà rencontrées. Cette capacité aurait pour fonction de permettre à l’individu de déterminer si la situation rencontrée l’a déjà été ou non et aurait été utilisée par nos ancêtres pour réagir au plus vite face à un éventuel danger.
  • Une zone du cerveau, le parahippocampe, serait à la source des sentiments éprouvés lors d’une impression de déjà vu. Le parahippocampe fonctionne habituellement en complémentarité avec l’hippocampe, le siège de la mémoire, qui permet de déterminer s’il y a effectivement concordance entre des expériences déjà rencontrées et une situation actuelle. Lors de sentiments de déjà vu, le parahippocampe fonctionnerait seul, sans hippocampe. Il ne subsisterait donc que le sentiment étrange caractéristique du déjà vu.

Outre ces différentes explications, les chercheurs ont observé que les personnes souffrant d’épilepsie ont plus souvent des impressions de déjà vu. Le stress et la fatigue sont également des facteurs favorisant cette impression, qui tend à diminuer avec le vieillissement. Il paraît donc très probable que l’origine du sentiment de déjà vu est pluri-factorielle.

Il est fréquent que l’expérience de déjà vu soit interprétée en tant que « réminiscence » de vies antérieures ou qu’elle soit amalgamée avec l’expérience de précognition, c’est-à-dire l’impression d’obtenir des informations sur un évènement futur selon des modalités perceptives inexpliquées. On peut cependant noter certaines différences entre le déjà vu et la précognition. On remarquera en particulier que cette dernière ne donne pas lieu à l’impression d’étrangeté caractéristique du déjà vu et qu’elle est censée se produire avant les évènements qui vont se dérouler. Le déjà vu est en revanche simultané à l’expérience rencontrée et ne permet habituellement pas à la personne de déterminer les évènements à venir.

Références

Adachi, N., Adachi, T., Kimura, M., Akanuma, N., Takekawa, Y., & Kato, M. (2003). Demographic and psychological features of deja vu experiences in a nonclinical Japanese population, The Journal of nervous and mental disease, 191(4), 242.

Adachi, N., Adachi, T., Akanuma, N., Matsubara, R., Ito, M., Takekawa, Y., et coll. (2007), Déjà vu experiences in schizophrenia : relations with psychopathology and antipsychotic medication, Comprehensive Psychiatry, 48(6), 592-596.

Boirac, E. (1916). L’avenir des sciences psychiques. Paris : Alcan.

Brown, A. S. (2003). A review of the déjà vu experience, Psychological bulletin, 129(3), 394–413.