Actualités sur les expériences exceptionnelles
> Expériences de hors corps et hyper-excitabilité corticale
Le psychologue Jason Braithwaite, de l’Université de Birmingham, publie avec ses collègues deux articles sur les expériences de hors corps (et les sensations de présence) dans des populations non-cliniques, mettant en évidence des différences dans l’excitabilité de leur cortex par rapport à des personnes qui ne vivent pas ces expériences. Nous avons traduit les résumés de ces deux articles.
Tâche de pattern-glare
Abstract
Introduction. The current study examined the presence of cortical hyperexcitability, in nonclinical hallucinators, reporting different forms of anomalous bodily experiences (ABEs). Groups reporting visual out-of-body experiences and nonvisual sensed-presence experiences were examined. It was hypothesised that only those hallucinators whose experiences contained visual elements would show increased signs of visual cortical hyperexcitability.
Methods. One hundred and eighty-two participants completed the “Pattern-glare task” (involving the viewing of striped gratings with spatial frequencies irritable to visual cortex)-a task known to reflect degrees of cortical hyperexcitability associated with hallucinatory/aura experiences in neurological samples. Participants also completed questionnaire measures of anomalous “temporal-lobe experience” and predisposition to anomalous visual experiences.
Results. Those reporting increased levels of anomalous bodily experiences provided significantly elevated scores on measures of temporal-lobe experience. Only the visual OBE group reported significantly elevated levels of cortical hyperexcitability as assessed by the pattern-glare task.
Conclusions. Collectively, the results are consistent with there being an increased degree of background cortical hyperexcitability in the cortices of individuals predisposed to some ABE-type hallucinations, even in the nonclinical population. The present study also establishes the clinical utility of the pattern-glare task for examining signs of aberrant visual connectivity in relation to visual hallucinations.
Résumé
Introduction. La présente étude examine la présence d’hyper-excitabilité corticale chez des personnes qui hallucinent sans atteindre un état clinique, relatant différentes formes d’expériences corporelles anomales. Des groupes relatant des expériences de hors corps visuelles et des expériences de sensation de présence non-visuelles furent étudiés. L’hypothèse était que ceux qui vivaient des expériences contenant des éléments visuels montreraient davantage de signes d’une hyper-excitabilité du cortex visuel.
Méthodes. 182 participants effectuèrent la “tâche de pattern-glare” (impliquant le visionnage de grilles à rayures avec des fréquences spatiales irritables pour le cortex visuel) – une tâche connue pour refléter le degré d’hyper-excitabilité corticale associé avec les expériences d’hallucinations et d’aura dans les échantillons de patients ayant des troubles neurologiques. Les participants complétèrent également des questionnaires mesurant des “vécus anomaux liés au lobe temporal” et la prédisposition aux expériences visuelles anomales.
Résultats. Ceux qui reportaient des niveaux élevés d’expériences corporelles anomales avaient des scores significativement plus élevés dans les mesures des expériences liées au lobe temporal. Seulement le groupe avec des EHC visuelles relatait des niveaux significativement plus élevés d’hyper-excitabilité corticale telle que mesurée par la tâche de pattern-glare.
Conclusions. Collectivement, ces résultats sont consistants avec l’idée d’un degré accru d’hyper-excitabilité corticale sous-jacente dans les cortexs des individus prédisposés à certaines hallucinations du type des expériences corporelles anomales, même dans une population non-clinique. La présente étude a également établi l’utilité clinique de la tâche de pattern-glare pour examiner des signes de connectivité visuelle aberrante en lien avec les hallucinations visuelles.
Abstract
Individuals with no history of neurological or psychiatric illness can report hallucinatory Out-of-Body Experiences (OBEs) and display elevated scores on measures of temporal-lobe dysfunction (Braithwaite et al., 2011). However, all previous investigations of such biases in non-clinical populations are based on indirect questionnaire measures. Here we present the first empirical investigation that a non-clinical OBE group is subject to pattern-glare, possibly as a result of cortical hyperexcitability (Wilkins et al., 1984). Fifty-nine students at the University of Birmingham viewed a series of square-wave gratings with spatial frequencies of approximately .7, 3 and 11 cycles-per-degree, both black/white and of contrasting colours. The illusions and discomfort reported when viewing gratings with mid-range spatial frequency have been hypothesized to reflect cortical hyperexcitability (61 and 38). Participants also completed the Cardiff Anomalous Perception Scale (CAPS : Bell et al., 2006) which included experiential measures of disruptions in ‘Temporal-lobe Experience’. Participants who reported OBEs also reported significantly more visual illusions/distortions and significantly greater discomfort as a result of viewing the mid-frequency gratings. There were no such differences with respect to gratings with relatively lower or higher spatial frequency. The OBE group also produced significantly elevated scores on the CAPS measures of Temporal-lobe Experience, relative to controls. Collectively, the results are consistent with there being a neural ‘vulnerability’ in the cortices of individuals pre-disposed to some hallucinations, even in the non-clinical population.
Keywords
Out-of-body experience ; Hallucinations ; Cortical hyperexcitability ; Temporal-lobe dysfunction ; Pattern-glare ; Embodiment
Résumé
Des individus sans antécédents de maladies neurologiques ou psychiatriques peuvent relater des Expériences de Hors Corps (EHC) hallucinatoires et montrer des scores élevés sur des mesures de dysfonctionnement du lobe temporal (Braithwaite et al., 2011). Cependant, toutes les précédentes études de ce phénomène dans des populations non-cliniques étaient basées sur des mesures indirectes par questionnaires. Nous présentons ici la première étude empirique qui montre qu’un groupe non-clinique avec EHC est sujet au phénomène de pattern-glare, une possible conséquence de l’hyper-excitabilité corticale (Wilkins et al., 1984). 59 étudiants de l’Université de Birmingham ont regardé une série de grilles rectangulaires avec des fréquences spatiales d’approximativement 0.7, 3 et 11 cycles par degré, à la fois noires et blanches et de couleurs contrastées. Les illusions et l’inconfort relatés lors du visionnage des grilles de fréquence spatiale moyenne sont connues pour refléter supposément l’hyper-excitabilité corticale. Les participants remplissaient également la Cardiff Anomalous Perception Scale (CAPS : Bell et al., 2006) qui inclue des mesures expérientielles de perturbations dans “les vécus liés au lobe temporal”. Les participants qui relataient des EHC relataient également significativement plus d’illusions ou de déformations, ainsi qu’un plus grand inconfort suite au visionnage des grilles de fréquence moyenne. Il n’y avait pas de telles différences relatives aux grilles avec les fréquences spatiales relativement plus basses ou plus hautes. Le groupe avec EHC produisit également des scores significativement plus élevés dans les mesures de la CAPS relatives aux vécus liés au lobe temporal, par rapport aux sujets contrôles. Collectivement, ces résultats sont consistants avec l’idée d’une “vulnérabilité” neuronale dans les cortex des individus prédisposés à certaines hallucinations, même dans la population non-clinique.
Mots-clefs
Expérience de hors corps ; Hallucinations ; Hyperexcitabilité corticale ; Dysfonctionnement du lobe temporal ; Pattern-glare ; Incorporation