Les expériences exceptionnelles
> Les expériences de “sortie” hors du corps
Lors d’une expérience de “sortie” hors du corps (OBE, Out-of-body experience), le sujet a l’impression que son « soi », ou le centre de sa conscience, est situé à l’extérieur de son corps physique. Il peut alors avoir la sensation de flotter, de voyager vers des lieux lointains et d’observer son corps. Environ 10% de la population rapporte avoir vécu cette expérience et ce chiffre s’élève à 25% pour les populations étudiantes et jusqu’à 48% chez ceux ayant un intérêt marqué pour les phénomènes dits paranormaux.
Les sorties hors du corps surviennent le plus souvent spontanément mais elles peuvent advenir suite à l’absorption de drogues, de pratiques méditatives ou de situations stressantes. Le contexte d’apparition de l’OBE a une influence sur sa forme et ses conséquences ultérieures. D’après plusieurs études, cette expérience peut avoir des conséquences positives sur les relations sociales et le bien être de ceux qui les vivent (certaines personnes cherchent donc parfois à les reproduire). Mais elles s’avèrent aussi déstabilisantes quand le sujet a du mal à comprendre leur nature et les raisons de leur apparition.
Les OBE sont parfois interprétées comme une réelle “sortie” du corps. Certaines personnes vivent ainsi un “retour” vécu comme brutal tandis que d’autres ne se souviennent d’aucune transition. Leur perception de leurs corps dans cet état est variable : il peut être identique au limites du corps physiques, être une boule ou simplement un point dans l’espace. Son interprétation paranormale est parfois accentuée par le fait qu’une personne sur cinq affirme avoir fait des observations objectives et vérifiables durant son OBE. Les études en laboratoire avec des personnes capables de provoquer régulièrement cet état, et donc de tester une telle possibilité, ont conduit à des controverses ne permettant pas à l’heure actuelle de conclure sur cette question.
Les explications psychologiques postulent que les OBE seraient une sorte d’expérience hallucinatoire, associée à certains traits de personnalités. Ainsi, la capacité à se représenter de l’extérieur a été corrélée avec les OBE tout comme les Expériences de mort imminente. Depuis quelques années, on peut également noter la multiplication de travaux, dans le champ des neurosciences, pour tenter de comprendre leur substrat neurologique. Ces recherches visent également à mieux comprendre la construction de la représentation du corps à partir du cas extrême des OBE.
Références
Alvarado, C. S. (2000). Out-of-body experiences. In E. Cardeña, S. J. Lynn, & S. Krippner (Eds.), Varieties of anomalous experiences (pp. 183-218). Washington, DC : American Psychological Association.
Blanke, O., Landis, T., Spinelli, L., & Seeck, M. (2004). Out-of-body experience and autoscopy of neurological origin. Brain, 127(Pt 2), 243–258.
Le Maléfan, P. (2005). La « sortie hors du corps » est-elle pensable par nos modèles cliniques et psychopathologiques ? Essai de clinique d’une marge. A propos d’un cas. L’Evolution psychiatrique, 70(3), 513-534.
McCreery, Ch., & Claridge, G. (2002). Healthy schizotypy : the case of out-of-the-body experiences. Personality and Individual Differences, 32, 141-154.